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un jet de soleil frappant une vitre. Le plus souvent c’était le feu de batteries allemandes mal défilées. Parfois c’était un de nos obus qui explosait. Mille flèches de lumières se croisaient, blanches, métalliques, dans la clarté rose de l’aube. On aurait cru que des projecteurs fonctionnaient. Cela fatiguait le regard.

En même temps, un bruit étrange assourdissait les oreilles. Ce n’était plus le fracas des explosions et le bruit des obus ou des balles trouant l’air. C’était un son plus lointain, plus ample, plus dense, plus compact. Toute l’atmosphère vibrait. Les tempes et les dents en étaient énervées. Le son ne croissait, ni ne diminuait. C’était le tumulte immense et régulier de la bataille.

— Mon capitaine, c’est à notre tour, dit Fabre.

Il avait retrouvé ce calme et toute cette lucidité qui ne l’avaient pas quitté pendant l’attaque de Vassinville.

En effet, la première division s’ébranlait. Le fanion jaune du fourrier, agité un instant, avait prévenu Lucien. Et les chasseurs, ayant franchi le ruisseau, escaladaient le glacis.