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L’APPEL DU SOL

Périclès et de Platon à la Rome des Césars, et, de celle-là, grâce aux clartés de l’époque gallo-romaine et malgré l’obscurité du moyen âge, jusqu’aux palais de nos rois. Ce flambeau, ainsi, ne s’est jamais éteint. Mais aucune peuplade germaine ne l’a jamais porté, ni les Saxons, ni les Francs, ni les Alamans, ni les Goths, ni les Vandales, ni les Cimbres, ni les Teutons. Je ne méconnais pas le labeur patient des savants prussiens, qui connaissaient mieux que personne la philologie et la chimie. Malgré cela ils ne me paraissent pas être ce qu’on appelait au siècle classique d’honnêtes hommes. Leur âme rêveuse et pleine des brouillards du nord a toujours été attirée, comme celle des contemporains romantiques de Gœthe, vers la lumière des ciels latins. Et, dans leur aspiration frénétique de soleil, leurs rois, Alaric ou Théodoric, ne concevaient pas de bonheur comparable à celui d’aller mourir dans le parfum de Rome ou de Ravennes. Aujourd’hui encore, ces touristes, munis d’un Baedeker et coiffés d’un chapeau vert surmonté d’une plume de faisan, ont le démon de quitter leurs comptoirs ou leurs brasseries pour visiter la