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PAROLES AVANT LA BATAILLE

sut imposer aux ifs de ses bosquets et aux charmes de ses tonnelles comme au caractère de ses courtisans la même unité — qui du reste n’empêcha ni le génie de Racine, ni la fougue de Villars, qui sauva la France à Denain. Les Allemands ont accepté cette contrainte. Ils ont été des organisateurs merveilleux comme nous le fûmes et comme le furent les Romains, dont nous sommes les fils. Grâce à la méthode de leurs universités, de leur commerce, de leur armée, ils ont pu déferler jusqu’à ces collines françaises, d’où nous les délogerons tout à l’heure, quand se lèvera le jour. Et si leur puissance organisatrice ne leur donne pas sur nous la victoire, c’est qu’ils ne sont point assez policés. Ce ne sont encore que des Barbares : la pierre n’est pas ici d’un grain assez fin, comme à Rome ou comme chez nous, pour construire un édifice impérissable. L’idée ne les a pas suffisamment façonnés. Ils n’étaient point vraiment pieux.

— J’ai comme vous, dit Vaissette, le sentiment que nous avons reçu l’héritage de la civilisation. Il y a eu là un flambeau qui s’est transmis, à travers les générations, de l’Hellade de