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PAROLES AVANT LA BATAILLE

en l’occurrence, l’idée de la mort avec une parfaite sérénité.

— Vous n’êtes pas amusants tous les trois, interrompit le lieutenant d’Aubres. Quel drôle de moment pour discuter de philosophie ; et ne dirait-on pas que nous sommes tous condamnés ?

— Il ne saurait être de meilleur moment pour philosopher, répondit Vaissette. C’est l’instant ou jamais. Tout à l’heure, quand nous serons engagés nous n’y penserons guère. Sous les balles on a le cerveau vide et possédé par deux idées fixes : ne pas être atteint et remplir sa mission. L’heure est maintenant à réfléchir.

— Du reste, mon cher camarade, ajouta Lucien, notre pessimisme vient de ce qu’autrefois à la guerre c’était une malchance de mourir. Pour nous autres désormais c’est une chance hasardeuse que de ne pas être atteints. Il vaut mieux être prêt à tout événement.

Et le capitaine Antoine de Quéré cita l’Évangile :

— « Vous ne savez pas quand le maître de la maison viendra, si ce sera le soir, ou à