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L’APPEL DU SOL

Il s’arrêta pour respirer et déplia le papier où il avait inscrit les quelques phrases que tout à l’heure lui avait dictées le commandant. Sa voix était devenue plus coupante, sa parole plus martelée : il était dans l’exercice de ses fonctions. Les chasseurs soumis à l’étroite et magnifique discipline du bataillon s’étaient redressés, les mains dans la position réglementaire. Et quand leur officier annonça : « Ordre du jour aux Armées », ils portèrent tous, d’un geste brusque, la main au béret pour saluer l’ordre du général.

Et Lucien Fabre lut :

« Au moment où s’engage une bataille d’où dépend le salut du pays, il importe de rappeler à tous que le moment n’est plus de regarder en arrière. Tous les efforts doivent être employés à attaquer et à refouler l’ennemi. Une troupe qui ne peut plus avancer devra coûte que coûte garder le terrain conquis et se faire tuer sur place plutôt que de reculer… »

Le sous-lieutenant Vaissette, qui avait essuyé les verres de son binocle, remarqua que tous ses chasseurs avaient des larmes dans les yeux.