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« MORITURI TE SALUTANT »

trouve déjà sur ma tunique. Tu en coudras aussi un, en enlevant les galons de sergent, sur la vareuse du sous-lieutenant Vaissette.

Le chasseur était frappé de stupeur. Tant d’événements étaient pour l’abasourdir. Il ne dit mot, cherchant dans son sac une aiguille, du fil, et dans sa poche son énorme couteau. Il s’acquitta rapidement de sa tâche. Ce n’était point élégant, mais c’était solide. Le nouveau galon, sur la veste de Lucien, étincelait de blancheur à côté du galon gris et passé. Le mince galon sur celle de Vaissette soulignait la place où la large sardine de sous-officier s’était étalée.

La nouvelle s’était répandue parmi les hommes. Du coup, tout le monde s’était réveillé. La compagnie était assemblée.

— J’ai à vous parler, dit Fabre.

Les chasseurs se serrèrent, se bousculant, tendant la tête, formant un cercle, comme pour écouter la théorie. Le lieutenant n’avait pas élevé la voix. On n’aurait su imaginer plus de simplicité. Il ajouta :

— Camarades, je vous présente votre nouvel officier, le sous-lieutenant Vaissette. Pour moi,