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UNE ÉTAPE

entre eux. Ils affirmaient leur camaraderie, l’union qui distinguerait « ceux qui y avaient été », leur volonté de pouvoir parler haut pour avoir été à la peine.

Angielli, enroué à force de crier, chantait, tandis que Diribarne tournait devant le tonneau, sautait, avançait, reculait, exécutant une danse de son pays. La voix du débardeur marseillais dominait le tumulte

En passant près du moulin
Et ron-ton-taine…

Et le sergent Vaissette, rouge comme un ivrogne, ruisselant de sueur, les yeux vagues d’ivresse et de myopie, tenant sa gamelle dans la main droite, agitant son béret de l’autre main, le sergent Vaissette reprenait le refrain.

Puis le calme revint. Les chasseurs tombaient sur l’herbe comme des masses, terrassés par la fatigue, et s’endormaient. Toute la compagnie allongée par la prairie, à l’ombre des arbres fruitiers, s’abandonnait au sommeil. Les ronflements formaient un bruit sourd et continu.

Le premier, Diribarne s’éveilla. Ce corps