de la locomotive trouant la nuit. La machine sifflait, démarrait péniblement, et c’était un nouveau bond jusqu’à la prochaine gare.
Au matin, on s’arrêta en pleine voie : on n’allait pas plus loin. Il fallait faire vite, pour laisser repartir le convoi, pour en laisser avancer d’autres. Il y avait dans ce paysage sévère, encadré de hautes collines et de bois, une animation extraordinaire. Des automobiles surtout filaient sur la route. Au loin, on entendait le canon.
Les compagnies à peine formées, le bataillon était déjà en marche. Personne ne savait où l’on se trouvait, où l’on se dirigeait. On s’était engagé dans un chemin, à travers bois. Le commandant, en tête, était en grande conversation avec un officier d’état-major qui était venu à sa rencontre. On sortit de la forêt sur un plateau d’où l’on pouvait découvrir une assez vaste étendue : des falaises à gauche, dont la craie mettait seule une blancheur dans le jour gris et le paysage, des croupes de plus en plus hautes et boisées vers la droite.
— Nous devons être en Champagne, déclara Vaissette.