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doit mettre au nombre des plus précieuses de sa vie, en sort, lorsqu’il a le mieux employé son temps, avec la connaissance très imparfaite d’une langue morte, avec des principes de rhétorique et des principes de philosophie qu’il doit tâcher d’oublier, souvent avec une corruption de mœurs dont l’altération de la santé est la moindre suite.

On écouta Tolomas avec bienveillance ; plus d’une allusion, quoique faite en latin, fut comprise et applaudie par l’élite de la société lyonnaise. On savait alors les classiques par cœur. Quand le père Tolomas parla d’un auteur


Cui nec est pater nec res.


chacun se rappela un vers d’Horace et pensa à la naissance de d’Alembert.

D’Alembert écrivit pour s’en plaindre à la Société royale de Lyon. Sa lettre est du 30 janvier 1755. Il s’étonne de son silence et attend une justice publique. Le secrétaire perpétuel de la Société répondit le 22 février 1755 que la Société n’avait pas entendu le discours de l’un de ses collègues, ni ne l’a examiné ; que, prononcé au collège, ce qui s’y passe n’est pas de son ressort et que la seule satisfaction que la Société puisse lui donner est de lui assurer que sa lettre a été lue en assemblée générale, que l’académicien inculpé y était présent et a protesté de son innocence d’intention et de fait, puisque son discours ne contenait aucun trait