Page:Bertrand - D’Alembert, 1889.djvu/74

Cette page a été validée par deux contributeurs.

il lui importait surtout de préparer un succès à son ami.

Le discours préliminaire servant de préface à l’Encyclopédie contient, dit d’Alembert, la quintessence des connaissances mathématiques, philosophiques et littéraires acquises par vingt années d’études. Il fait ainsi remonter ses méditations au jour de son entrée au collège des Quatre-Nations.

Le discours contient deux parties distinctes : l’exposition détaillée de l’ordre dans lequel sont nées les diverses branches du savoir humain, et le tableau historique du progrès depuis la Renaissance jusqu’à nos jours. Le premier problème est insoluble. Nous ne savons les origines en aucun genre. Il faut donc deviner. On est certain de proposer des vérités douteuses, certain aussi de n’être pas convaincu d’erreur.

Toutes nos connaissances viennent par les sens, tel est le point de départ de d’Alembert. La précision n’est qu’apparente, l’assertion est vague. Veut-on dire qu’un aveugle, sourd et muet de naissance, dépourvu des organes du toucher, nourri par une sonde, n’acquerrait, s’il pouvait vivre, qu’un bien petit nombre d’idées ?

On l’accordera sans peine.

Les sens sont nécessaires assurément. Tout vient-il d’eux ? et qu’entend-on par là ?

Les sens des animaux valent les nôtres pour le moins : la source des idées pour eux n’est donc pas moins riche que pour nous. Pourquoi n’arrivent-ils