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Ce mot brillant, mais dépourvu de toute vérité, explique assez bien les défauts de d’Alembert. Il se réserve d’éclairer chaque page par la lecture de la suivante ; c’est ce qu’on appelle manquer de méthode.

Si d’Alembert n’avait pas toujours dans ses compositions géométriques le style net et précis d’Euclide, il réunissait à un haut degré, avec une réputation toujours croissante, les qualités désirées dans un secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences. Trop jeune pour remplacer Fontenelle, il aurait été, s’il l’avait voulu, le successeur de Mairan ou celui de Grandjean de Fouchy. Plusieurs fois dans sa correspondance il fait allusion pour les démentir aux bruits répandus à ce sujet. La voix publique une première fois le désignait pour remplir une place que le titulaire n’avait pas le désir de quitter. D’Alembert ne pouvait admettre qu’on lui prêtât de telles intentions. Il écrivait à Mme du Deffant, amie dévouée de celui qui, bien ou mal, comme dit d’Alembert, occupait la place :

« Je suis toujours et plus que jamais dans les dispositions où vous m’avez vu de ne rien demander ; je ne pense point du tout, et n’ai jamais pensé à la place de secrétaire de l’Académie des sciences, je serais très fâché, quand je le pourrais, d’en dépouiller celui qui la remplit bien ou mal. Je ne veux point non plus aller sur les brisées de Montigny qui, je crois, pense à cette place, en cas que Dieu ou M. d’Argenson, sous sa figure, dispose du titulaire ;