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théorie de la précession des équinoxes, et son livre sur ce sujet difficile suffirait pour le rendre immortel.

Les pôles de la terre, à moins de chocs que rien ne fait prévoir dans l’avenir et que rien ne prouve dans le passé, sont immobiles à la surface ; ceux du ciel, au contraire, se déplacent sans cesse par rapport aux étoiles fixes. C’est la grande découverte d’Hipparque. Le pôle, autour duquel semble tourner le ciel, parcourt un petit cercle dont le rayon mesure 23° 1/2 et, s’avançant de 50″ environ par an, en fera le tour en vingt-six mille ans. L’équateur, perpendiculaire à la ligne des pôles, tourne nécessairement avec elle ; en vertu de cette rotation, il coupe le plan écliptique, qui est fixe, en des points variables. Ces points sont les équinoxes, qui comme le pôle, par conséquent, accompliront leur révolution en vingt-six mille années.

Les observations astronomiques confirment la prédiction hardie du grand astronome de l’antiquité. Les siècles succèdent aux siècles et l’équinoxe continue sa marche uniforme. Quelle force produit et règle son mouvement ? La question pour Kepler n’aurait pas eu de sens. Heureux et fier de pénétrer le mécanisme du monde, il n’avait pas l’audace de chercher les causes. Newton a révélé le ressort ; c’est à la mécanique à en chercher les effets. La terre chaque année tourne autour du soleil. C’est qu’elle est attirée par lui ; sans cette attraction insuffisante à les réunir, animés par les vitesses acquises, les deux corps s’éloigneraient indéfiniment. Le soleil, en atti-