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supplicaverunt pro examine gallico : Joannes Lerond Parisiensis et D. Rousseau, Legendre, Maillot, Delaroche, Bernard.

D’Alembert, licencié en droit, pouvait plaider, et son brillant esprit lui promettait de grands succès, mais la profession ne lui plaisait pas. Il n’aurait accepté que de bonnes causes, et elles sont rares. Il faut se garder d’en évaluer le nombre à la moitié de celles qui se plaident. Quand l’un des plaideurs a tort, il n’est pas certain que l’autre ait raison ; d’Alembert connaissait les fables de La Fontaine. Riche de 1 200 livres de rente, il vivait chez sa mère adoptive, heureux d’apporter dans la modeste vie de la famille sinon l’aisance au moins la sécurité. Jamais le Palais ne le vit à la barre. Il voulut étudier en médecine. Lui-même l’a raconté, mais son passage à la Faculté n’a pas laissé de traces.

Les professeurs du collège Mazarin, presque tous prêtres, se faisaient aimer de leurs élèves. Jansénistes ardents, ils servaient volontiers de directeurs à leurs consciences et de guides à leurs premiers pas dans le monde.

Jean Lerond, joyeux et confiant, accepta d’abord leurs conseils. Leurs livres de dévotion l’ennuyèrent, ils s’y attendaient : on lui prêta les livres de controverse. La sympathie et la confiance ont des bornes. D’Alembert, effrayé de cette pieuse ferveur qui n’engendrait que la haine, rejeta cet amer breuvage, et, sans cacher toute sa répugnance, devint l’adversaire, bientôt l’ennemi de ceux qui le lui présentaient.