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le souvenir de paralogismes qu’il parodiait avec gaieté.

C’est en songeant à son professeur de physique qu’il avait conçu l’idée d’une antiphysique dans laquelle on expliquerait et démontrerait, par des raisonnements non moins plausibles que ceux de l’école, le contraire précisément de la vérité.

On dirait, par exemple : Le baromètre hausse pour annoncer la pluie.

Explication. — Lorsqu’il doit pleuvoir, l’air est plus chargé de vapeurs, par conséquent plus pesant, par conséquent il doit faire hausser le baromètre.

Ce qu’il fallait démontrer.

L’hiver est la saison où la grêle doit principalement tomber.

Explication. — L’atmosphère étant plus froide en hiver, il est évident que c’est surtout dans cette saison que les gouttes de pluie doivent se congeler jusqu’à se durcir en traversant l’atmosphère.

Ce qu’il fallait démontrer.

Par malheur pour ces explications, les faits y sont absolument opposés. La baisse du baromètre annonce la pluie, et la grêle, en été, tombe plus souvent qu’en hiver. Les raisons sont préférables cependant à celles qu’on invoquait chaque jour dans l’étude de la physique. La liste peut s’étendre, et d’Alembert formait le projet d’y introduire tous les phénomènes physiques.

D’autres branches d’études, qui réclament aujourd’hui bien du temps et provoquent bien des efforts,