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cependant de votre extérieur, ce qui me paraît frapper tout le monde : que vous avez beaucoup de noblesse et de grâces dans tout votre maintien et, ce qui est bien préférable à une beauté froide, beaucoup de physionomie et d’âme dans tous vos traits. Aussi pourrais-je vous nommer plus d’un de vos amis qui auraient eu pour vous plus que de l’amitié, si vous l’aviez voulu.

Le goût qu’on a pour vous ne tient pas seulement à vos agréments extérieurs ; il tient surtout à ceux de votre esprit et de votre caractère, votre esprit plaît et doit plaire par bien des qualités, par l’excellence de votre ton, par la justesse de votre goût, par l’art que vous avez de dire à chacun ce qui lui convient.

L’excellence de votre ton ne serait pas un éloge pour une personne née à la cour et qui ne peut parler que la langue qu’elle a apprise : en vous c’est un mérite très réel, et même très rare ; vous l’avez apporté du fond d’une province, où vous n’aviez trouvé personne qui vous l’enseignât. Vous étiez sur ce point aussi parfaite le lendemain de votre arrivée à Paris, que vous l’êtes aujourd’hui. Vous vous y êtes trouvée dès le premier jour aussi libre, aussi peu déplacée dans les sociétés les plus brillantes et les plus difficiles, que si vous y aviez passé votre vie ; vous en avez senti les usages avant de les connaître, ce qui suppose une justesse et une finesse de tact très peu communes, une connaissance exquise des convenances. En un mot vous avez deviné le langage