Page:Bertrand - D’Alembert, 1889.djvu/19

Cette page a été validée par deux contributeurs.

serait charmée de le voir : « Jamais, m’a-t-il dit, elle ne m’a rien fait dire de semblable. — Cependant, monsieur, on vous prête dans cette occasion une réponse très fière à une mère qui, jusqu’à votre célébrité, ne vous avait pas donné un signe de vie ; et j’ai entendu bien des personnes applaudir à votre refus comme à un juste ressentiment. — Ah ! me dit-il, jamais je ne me serais refusé aux embrassements d’une mère qui m’aurait réclamé ; il m’eût été trop doux de la recouvrer. »

« Quand Mme de Tencin mourut, elle laissa tout son bien à Astuc, son médecin. On prétendit que c’était un fidéicommis et que le bien devait passer à d’Alembert, mais il n’en a jamais rien reçu ; il disait qu’elle aimait beaucoup Astuc et que, quant à lui, il était bien sûr qu’elle n’avait pas plus pensé à lui à sa mort que pendant sa vie. »

L’éducation des pupilles du cardinal était complète et brillante. Cent livres par an leur étaient accordées pour leur entretien et menues dépenses : une académie annexée au collège devait leur enseigner l’équitation, l’escrime et la danse. L’Université de Paris, exécutrice des volontés du cardinal, refusa sur ce point de s’y conformer. D’Alembert, dans son enfance, n’apprit pas les belles manières et ne les connut jamais. Le jeune Lerond fit de brillantes études. La famille de Destouches, heureuse sans doute de ses succès, ne cessa jamais de veiller sur lui. La preuve en est inscrite sur le registre de la Faculté des arts. À la fin de l’année 1735, le jeune