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le comble à ses bontés en me faisant offrir par son ambassadeur la fortune la plus immense et les distinctions les plus flatteuses. Mais, madame, si quelque chose avait pu me déterminer à quitter la France et mes amis pour me charger d’un travail supérieur à mes forces, la lettre de Sa Majesté Impériale eût été pour moi le plus puissant de tous les motifs : ceux de l’intérêt et de la vanité sont bien faibles en comparaison. »

Le désintéressement de d’Alembert fut admiré à Saint-Pétersbourg comme à Paris ; Catherine eut comme Frédéric l’ambition de l’avoir pour ami, et sa correspondance, moins familière et moins intime que celle de Frédéric, ne fut plus interrompue. Catherine daigne lui parler de ses principes de gouvernement et de ses décrets. Lorsqu’elle décide la réunion des biens du clergé au domaine de la couronne, bien assurée de son approbation, elle lui écrit en ces termes :


« Cher monsieur, on a trop de respect pour les choses spirituelles pour les mêler au temporel, et celui-ci se prête à soulager l’autre des vanités qui lui sont étrangères. Chacun reste dans l’étendue de sa domination, sans qu’il s’avise seulement d’empiéter sur ce qui n’est pas de sa compétence. »


Catherine ne veut dans son empire ni persécutions ni discussions religieuses ; les autocrates ne doutent de rien. Elle écrit à d’Alembert :