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aussi pénétré d’admiration pour vos talents, que de la considération la plus distinguée, monsieur, de votre très humble et très obéissant serviteur. »


D’Alembert refusa les offres de Catherine et pour les mêmes raisons que celles de Frédéric. Il ne voulait quitter ni Paris ni surtout Mlle de Lespinasse.


« Monsieur, il faudrait être plus que philosophe ou plutôt ne l’être pas assez pour ne pas sentir tout le prix d’une place aussi importante qu’honorable, qui, étant remplie comme elle mérite de l’être, peut contribuer au bonheur d’une grande nation. Je suis donc infiniment flatté, comme je le dois, de la proposition que vous voulez bien me faire au nom de S. E. M. de Pannin, à qui je vous prie de faire agréer ma reconnaissance et mon respect. Ce que vous me faites l’honneur de me dire des qualités éminentes de votre auguste Impératrice, doit rendre précieux à tout homme qui pense l’avantage de l’approcher et le bonheur de mériter sa confiance dans une éducation qui lui est si chère. Mais, monsieur, plus cette confiance m’honorerait par les devoirs sacrés qu’elle impose, plus elle m’effraye par l’incapacité que je me sens d’y répondre. Ne croyez pas que je veuille me parer d’une fausse modestie ; si j’avais l’honneur d’être connu de vous, vous sauriez avec quelle franchise j’exprime ici ce que je suis et encore plus à quel point je dis la vérité en cette occasion. Quelques connaissances philosophiques et littéraires acquises dans la retraite, peu d’usage des hommes et encore