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fermiront dans son estime. Plein de confiance en sa bonté, sa sagesse et sa vertu, bien plus chères à mes yeux que sa couronne, je me jette à ses pieds, et je le supplie d’être persuadé qu’un des plus grands regrets que j’aurai dans ma vie, sera de ne pouvoir profiter des bienfaits d’un prince aussi digne de l’être, aussi fait pour commander aux hommes que pour les éclairer. Je m’attendris en vous écrivant. Je vous prie d’assurer le roi que je conserverai toute ma vie, pour sa personne, l’attachement le plus désintéressé, le plus fidèle et le plus respectueux ; et que je serai toujours son sujet au moins dans le cœur, puisque c’est la seule façon dont je puisse l’être. Si la persécution et le malheur m’obligent un jour à quitter ma patrie, ce sera dans ses États que j’irai chercher un asile : je ne lui demanderai que la satisfaction d’aller mourir auprès de lui libre et pauvre.

« Au reste, je ne dois point vous dissimuler, monsieur, que longtemps avant le dessein que le roi vous a confié, le bruit s’est répandu, sans fondement comme tant d’autres, que Sa Majesté songeait à moi pour la place de président. J’ai répondu à ceux qui m’en ont parlé, que je n’avais entendu parler de rien, et qu’on me faisait beaucoup plus d’honneur que je ne méritais. Je continuerai, si on m’en parle encore, à répondre de même, parce que, dans ces circonstances, les réponses les plus simples sont les meilleures. Ainsi, monsieur, vous pouvez assurer Sa Majesté que son secret sera in-