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CHAPITRE VI

D’ALEMBERT ET FRÉDÉRIC


D’Alembert écrivait un jour à Voltaire : « Je n’aime les grands que quand ils le sont comme vous, c’est-à-dire par eux-mêmes et qu’on peut vraiment se tenir pour honoré de leur amitié et de leur estime. Pour les autres, je les salue de loin, je les respecte comme je dois et je les estime comme je peux. »

Pour accepter l’amitié offerte par Frédéric, d’Alembert n’avait rien à changer ni à ses principes ni à ses défiances. Dans leur correspondance, dans leurs relations de chaque jour et de chaque heure pendant que d’Alembert était son hôte, le caractère royal effacé sans affectation par Frédéric était respecté sans flatterie par d’Alembert. L’estime et la sympathie mutuelle faisaient naître une amitié sincère ; jamais le caractère ne s’en est démenti. Les affectueux égards du roi étaient payés par la reconnaissance et l’admiration du philosophe, sans que la liberté ait été menacée ni l’égalité mise en question.