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et humaines. Les vérités les plus saintes ont été obscurcies et les principes de la monarchie ébranlés. Rien n’a été respecté ni dans l’ordre civil, ni dans l’ordre spirituel. La majesté de l’Être suprême et celle des rois sont outragées et l’on ne peut se dissimuler que dans l’ordre de la foi, dans celui des mœurs, dans l’ordre même de l’État, l’esprit du siècle semble le menacer d’une révolution qui présage de toutes parts une ruine et une destruction totale. »

Le clergé voyait juste. Mais l’Encyclopédie dans ses craintes n’occupe qu’une petite part, et le livre sur la destruction des jésuites était à peine signalé.

Il n’est pas vrai non plus, quoique Voltaire, heureux d’enrichir d’un mot nouveau le sottisier littéraire, l’ait répété plusieurs fois, que d’Alembert ait été appelé Rabsacès. J’ai trouvé le passage.

D’Alembert avait écrit :

« La philosophie, à laquelle les jansénistes avaient déclaré une guerre presque aussi vive qu’à la Compagnie de Jésus, avait fait malgré eux et par bonheur pour eux des progrès semblables. Les jésuites, intolérants par système et par état, n’en étaient devenus que plus odieux. On les regardait, si je puis parler de la sorte, comme les grands grenadiers du fanatisme, comme les plus dangereux ennemis de la raison et comme ceux dont il lui importait le plus de se défaire. Les parlements, quand ils ont commencé à attaquer la Société, ont trouvé cette disposition dans tous les esprits. C’est proprement la philosophie qui