Page:Bertrand - D’Alembert, 1889.djvu/118

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Sur plus d’un point les folliculaires du xviiie siècle sont les seuls témoins qui nous restent. Aucun d’eux malheureusement n’a juré de dire la vérité. Il fallait avant tout servir sa coterie et défendre ses amis. Ne demandons donc ni à Fréron, ni à Bachaumont, ni à Grimm, ni au Journal de Trévoux la vérité sur l’éloquence académique de d’Alembert ; ne nous fions pas trop aux correspondants de Mme du Deffant ; avant 1765 ils n’annonceront que des succès ; mais dès que la rupture est complète, quand d’Alembert à son nom, chaque fois qu’il le rencontre, associe d’injurieuses épithètes, on ne doit plus, par une représaille toute naturelle, apprendre par elle que des échecs.

D’Alembert, secrétaire perpétuel de l’Académie française, aimait l’Académie et détestait les sots. Il voulait que chaque élu fît honneur à la Compagnie. Ces principes étaient ceux de tous les partis ; mais pour écarter les créatures de la coterie rivale, chacun tolérait, désirait et réussissait souvent à imposer de nombreuses exceptions à la règle.

D’Alembert, attentif aux opinions des candidats non moins qu’à leur talent, était peu favorable aux grands seigneurs et aux prélats. Son influence était acquise aux amis de la libre pensée plus encore qu’aux hommes de lettres. Il était au fond fort indifférent, mais, présent par devoir sur le théâtre de la lutte, organe de toutes les demandes, centre naturel de toutes les sollicitations, il ne pouvait manquer de jouer un rôle, et les vaincus devaient l’exagérer. Les