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ter, comme ont fait tant d’autres en pareil cas, le voile transparent de cette modestie hypocrite qui a soin de mal jouer la discrétion, et qui, en repoussant mollement un honneur dont elle n’est pas digne, désire et se flatte de n’être pas crue sur parole. »

Fontenelle, qui reste le modèle de l’éloquence académique, aurait supprimé les dernières lignes. Sans être des Fontenelles ni manquer de clarté, beaucoup d’autres, en abrégeant la phrase, auraient laissé au lecteur le plaisir de deviner quelque chose.

D’Alembert, lorsque tout est dit, reprend souvent l’idée pour redoubler l’assertion sans accroître la clarté qui est complète, ou fortifier la preuve qui semble évidente.

Il rapporte, dans l’éloge de Saint-Aulaire, que pour défendre les vers de ce poète de salon devenu candidat contre la critique de Boileau, un académicien lui représenta modestement que le marquis de Saint-Aulaire était un homme dont la naissance et par conséquent les vers méritaient des égards. Le trait est lancé, l’auditoire a compris, celui qui a pu dire « et par conséquent les vers » est jugé ;d’Alembert ajoute pour l’accabler :

Je ne lui conteste pas, répondit Despréaux, les titres de noblesse, mais les titres du Parnasse ; et quant à vous, monsieur, qui trouvez ces vers-là si bons, vous me ferez beaucoup d’honneur et de plaisir de dire du mal des miens.

L’incident est-il vidé ? nullement ; d’Alembert ajoute :