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dans ces exercices de plus en plus faciles à sa plume exercée, une distraction à ses profondes recherches. Le succès toujours grand de ces œuvres éphémères a été une des joies de sa vie ; il acceptait toutes les occasions de les renouveler, souvent les faisait naître : on le trouvait toujours prêt. Lecteur très habile, trop habile, disaient les malveillants, il amusait toujours l’auditoire : c’était tout ce qu’il voulait. Une lecture faite par lui, quel qu’en fût l’auteur, assurait à une séance publique une affluence dont il était fier.

À l’Académie des sciences comme à l’Académie française, avant même d’en être secrétaire perpétuel, il prenait la parole à presque toutes les réunions publiques et se chargeait, avec une complaisance empressée, de lire les discours des lauréats et les pièces de poésie couronnées. Souvent même, les jours de réception, sans avoir de rôle officiel, il ouvrait la séance par quelques réflexions ou quelques conseils sur des sujets de morale, de poésie ou d’histoire. C’est ce que Bachaumont appelle faire la parade. La production rapide de ces travaux sans gloire ne ralentissait ni sa correspondance toujours active, ni son ardeur toujours féconde pour la science.

« Vous êtes, lui écrivait Voltaire à l’occasion de l’une de ses lectures, le seul écrivain qui n’aille jamais ni en deçà ni au delà de ce qu’il veut dire. Je vous regarde comme le premier écrivain du siècle. » La postérité n’a pas ratifié la louange.

Diderot trouve d’Alembert délicat, ingénieux, plai-