Page:Bertrand - D’Alembert, 1889.djvu/108

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Le candidat élu, d’après les usages, était soumis dans un second scrutin à l’approbation de l’Académie. On votait par boules noires ou blanches. On a prétendu que, pour d’Alembert, le nombre des boules noires devait entraîner l’exclusion et qu’une fraude de Duclos en dissimula quelques-unes. L’anecdote est fausse, mais les boules noires furent nombreuses.

La réception de d’Alembert eut beaucoup d’éclat ; son prédécesseur était Surian, évêque de Vence. L’Encyclopédie dans ce jour de triomphe se montra courtoise et modeste ; d’Alembert eut le bon goût de louer sans réticence les vertus de son prédécesseur et sa foi sans ironie. On exagérerait en disant que l’éloge de d’Alembert a rendu l’évêque de Vence illustre : il l’a préservé de l’oubli.

Les éloges académiques de d’Alembert, rarement cités et fort peu lus, sont moins inconnus cependant que les œuvres de Surian et que l’histoire de l’évêché de Vence.

D’Alembert a composé beaucoup d’éloges. Dans ce genre de littérature, a dit avec esprit M. Guizot, beaucoup de travail et beaucoup de soin imitent le talent sans y prétendre. D’Alembert, qui n’avait pas besoin d’imiter le talent, travaillait peu ses éloges. Ce n’est pas à la postérité qu’il les adresse : on ne doit pas, comme on l’a fait trop souvent, juger par eux de son style et de son goût. D’Alembert au collège méritait le premier rang dans tous les genres d’étude, il n’excellait pas moins en amplifications qu’en vers latins. Il chercha pendant toute sa vie,