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LXXVIII
INTRODUCTION

intéressant à élucider pour apprécier l’efficacité de la nouvelle méthode.

La statistique officielle de la ville de Paris nous fournit également sur ce chapitre une réponse d’une exactitude indiscutable. L’administration préfectorale a, en effet, décidé, en même temps qu’elle adoptait le signalement anthropométrique, qu’une prime de dix francs serait allouée à tout agent de police ou gardien de prison de Paris qui signalerait à la direction une reconnaissance manquée et que la somme en question serait prélevée sur les appointements des agents anthropomètres. Ces derniers sont donc pécuniairement intéressés à la bonne application du système, puisque toute négligence de leur part est passible d’une amende relativement assez forte.

Chaque lapsus, se transformant en une pièce comptable, est donc certainement enregistré. La dissimulation d’un raté devient administrativement impossible. Or, l’annuaire statistique de 1889 nous apprend que sur un ensemble de 30.000 sujets examinés dans l’année, le nombre des omissions ne s’est élevé qu’au chiffre de quatre[1] ! — On ne saurait désirer mieux.

La probabilité d’être reconnu une fois que l’on a été mesuré équivaut donc à la certitude, autant qu’il est possible d’approcher de cet idéal.

Les résultats obtenus à Lyon et à Marseille paraissent tout aussi satisfaisants, quoique non corroborés par des statistiques aussi complètes. On peut dire que partout où l’essai de notre méthode a été tenté sérieusement, le succès a couronné les efforts.

5.

AVIS À MM. LES FONCTIONNAIRES QUI DÉSIRENT FAIRE CONSULTER LES RÉPERTOIRES ANTHROPOMÉTRIQUES

La première des conditions à remplir pour que la recherche

  1. En 1890, nous retrouvons ce même chiffre de quatre, qui s’élève à six en 1891 pour tomber à zéro en 1892.

    Quand on remonte jusqu’aux causes premières de ces reconnaissances manquées, on découvre que là encore ce n’est jamais le système qui est en faute, mais plutôt la faiblesse humaine qui a négligé, un lundi matin, par exemple, de parfaire les recherches insuffisantes de la veille, ou qui s’est trompée grossièrement en dictant ou en écrivant un chiffre, etc.

    Du moment qu’il y a un manquement de commis, il est évident qu’il ne peut provenir que d’une des quatre causes suivantes : erreur dans le relevé ou dans la classification de l’ancien signalement, ou, au contraire, erreur dans le relevé ou la recherche du nouveau.