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LXI
SIGNALEMENT DES MARQUES PARTICULIÈRES

Et pourtant, pour certains sujets trop abondamment pourvus, la limitation du choix aux 12 ou aux 15 principales s’impose forcément en pratique. Ainsi quel que soit le soin apporté, jamais un relevé de ce genre n’arrive à être absolument complet. C’est même là un des moyens de défense les plus couramment invoqués devant les tribunaux par des prévenus qui essayent de contester quelque condamnation antérieure subie sous un autre nom : telle cicatrice ou tel signe de naissance aurait, à les en croire, immanquablement figuré sur le premier signalement, s’il se rapportait réellement à leur personne !

Les oublis de ce genre doivent généralement être attribués, soit au peu d’apparence extérieure de la marque, soit à sa situation peu en vue ou cachée par le pantalon (lequel ne doit pas être quitté d’ordinaire), soit enfin à la date de son origine manifestement récente, et, par conséquent, postérieure à celle de l’établissement du premier signalement.

Disons plus : l’omission d’une marque même bien apparente et de date ancienne ne saurait infirmer une identification dont la légitimité serait abondamment prouvée d’autre part par l’ensemble des autres marques particulières et la correspondance des signalements anthropométrique et descriptif.

Le cas inverse est plus grave et doit rendre plus circonspect : telle marque correctement décrite sur l'ancien signalement ne se trouve plus sur le sujet actuel. Si l’on peut admettre, à la rigueur, soit une confusion entre les mots droit et gauche, ou une erreur dans la transcription du libellé, ou l’assimilation d’un accident passager quelconque, dartre, écorchure fraîche, etc., donnant l’illusion d’une cicatrice permanente, on n’en saurait tolérer davantage ; à la deuxième et a fortiori à la troisième marque non retrouvée, l’identité doit être déclarée impossible.

Conclusion : toutes les marques qui figurent sur un ancien signalement doivent pouvoir se retrouver sur le sujet, si ce signalement lui est réellement applicable ; mais inversement il n’est pas nécessaire que toutes les marques du sujet présent figurent sans omission d’aucune sorte sur l’ancien relevé.


Le rôle important attribué au collationnement des cicatrices dans toutes les questions d’identification fait ressortir l’intérêt