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PHOTOGRAPHIE JUDICIAIRE

soires appropriés à sa condition sociale et choisis en vue de donner par comparaison une idée de sa taille, comme par exemple un bureau, une table de café, une chaise, etc.

26. — La réduction à observer sera de 1/21 pour le format 9/13 ou de 1/14 pour les cas très rares où l’on aurait recours au format album.

27. — Quelles que soient la pose et la réduction employées, une rubrique spéciale doit toujours en rappeler le chiffre, soit à côté, soit au verso de l’épreuve.

Chaise de pose spéciale[1] assurant mécaniquement l’uniformité de la réduction entre les photographies de face et celles de profil

Considérations théoriques.

Les dimensions du siège (largeur 25 centimètres, profondeur 25 centimètres, plus 2 centimètres de concavité de dossier) sont intentionnellement très exiguës de façon à laisser au sujet le moins de latitude possible dans la façon de s’asseoir, et de le forcer à se placer de lui-même rigoureusement la colonne vertébrale appuyée au milieu du dossier. Dans le même but, une bordure en saillie, légèrement tranchante, entoure les côtés du siège et l’amène instinctivement à rectifier son assiette, si un premier mouvement l’a fait asseoir quelque peu de travers. Enfin, dernière précaution, une flèche métallique incrustée sur le milieu du bord supérieur du dossier, permet à l’opérateur photographe, en même temps qu’il ajuste l’appui-tête, de vérifier d’un coup d’œil si le milieu du dos de son sujet, indiqué par la couture dorsale du vêtement, coïncide avec le plan médian de la chaise. Dans la négative, plutôt que d’essayer une rectification de position par un déplacement latéral plus ou moins forcé du corps, il invite son sujet à se lever et puis immédiatement après à se rasseoir bien carrément.

Il est de toute évidence que dans ces conditions, une fois l’axe optique de l’appareil braqué perpendiculairement sur le milieu de la chaise, tout sujet qui vient s’y asseoir peut être immédiatement photographié de face sans avoir à faire « de mise en plaque » latéralement. La seule adaptation individuelle qui reste à effectuer est de régler la hauteur de l’objectif proportionnellement à celle du buste du sujet.

Le chiffre de la réduction pour un même objectif dépendant uniquement de la distance qui sépare l’appareil de l’objet à reproduire, l’immobilité du siège a comme conséquence d’assurer en même temps l’uniformité de l’échelle.

Cette dernière est établie et réglée une fois pour toutes d’après les considérations anthropométriques que nous allons exposer.

Rappelons d’abord que l’échelle de réduction doit être calculée sur le plan parallèle à la glace sensible qui passerait à travers l’objet choisi pour régler la mise au point de l’image, et que l’emplacement prescrit pour cette opération, en ce qui regarde le portrait de face, est l’angle externe de l’œil gauche (§§ 4 et 5, page 130).

Or, des mensurations précises répétées sur une trentaine de sujets de corpulence diverse nous ont permis de fixer à 19 centimètres la distance moyenne qui séparait l’angle de l’œil du dos de la chaise.

La détermination de cette donnée anthropométrique nous met à même de régler la réduction d’une façon uniforme et en quelque sorte impersonnelle. Il est évident qu’il sera beaucoup plus exact et plus simple de remplacer « la réglette de 28 centimètres tenue à la main par un sujet de bonne volonté et de complexion

  1. Grâce à la simplification de manœuvre procurée par cette chaise, c’est le même agent qui chaque jour, dans l’espace de deux heures et sans aide d’aucune sorte, arrive à recueillir, dans les conditions les plus rigoureuses d’uniformité, cinquante à quatre-vingts clichés, chacun de deux poses juxtaposées.