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CALDEHoN

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tano Alberto de la Barrera (Madrid, 1860, pp. 58 et R.). La plupart de ces poésies ont élé publiées par A. de Castro, dans un volume intitulé l’oesiin de Calderon. con anotat innés, etc. (Cadix, 1845, in— 8). Il y faut ajouter un volume de l’ornas méditas (Madrid, 1*81». Vna I assis, Lara et quelques autres amis de Caldeion nous apprennent qu’il avait encore composé plusieurs ouvrages qui paraissent perdus : Discurtot de los qualro ftovisinws, dont l.ara entendit trois cents octaves, et qui était un poème sur les quatre tins dernières de PI otnme : la mort, le jugement, l’enfer et le ciel ; Trntatlo dejendiendo la noblez-a de la pintvra ; Defensa de la Comedia, et un poème sur le Diluvio gênerai.

Traductions. — L’œuvre complète de Calderon n’a pu être traduite en aucune langue étrangère, car il y a une bonne part de son théâtre qui n’a que peu d’intérêt lilté raire. Mais des centaines de traductions de ses comédies principales, et même de quelques-uns de ses autos, ont été publiées dans les diverses langues de l’Europe. Citons : en français, une trad. de En esta vida todo es verdad y todo mentira, par Voltaire ; une de quelques drames par Linguet ; une de Peor esta que estaba, sous le litre de Don César llrsin dans les œuvres de l.csajie (Paris, 1821 1 ; une intitulée Chefs-d’œuvre du tlu’àlre espagnol ; Calderon ; comprenant hœt comédies (Paris, lx*22, 2 vol. in-8) ; une de Damas-llinard, 17 comédies (Paris, 1841—43, 3 vol. in-18) ; une de A. de Latour, 7 comédies (Paris, 1871, in-8) ; — en anglais, une trad. de La Dama duende et de Nadie fie su secreto, attribuée à lord Holland (londres, 1807, in-8) ; une de six drames par Edward Fitz-Gerald (Londres, 1N53, in 8) ; une en vers de six drames par D. F. Mac-Cartby (Londres, 1853, 2 vol. in-8) ; une de trois autres drames envers, par le même auteur (Londres, 1861, pet. in-4) ; une de Chrysanlhus et Paria, par le même (Londres, 1870, in-M) ; une de la Vida es sueno, de El Maqico prodigioso, de El Purgatorio de san Patririo, en vers, par le même (Londres, l"<73,in-*) ; une du Magico Prodigioso, de Fitz-f.erald (Londres, 1874 ( ?), in-8) ; en outre, Trencb traduisit deux autos, /•./ gran Teatro del mundo. et la Vida es sueno (Londres, 1856, in-8), et D. F. Mac-Carthv, deux autos, la Cena de Baltasar et la bivina Philothea, plus une scène de El Yenenoy la triaca (Dublin, 1867, in— 1G) ; — en allemand, trad. de cinq drames par Auguste-Wtlhelm Scblegel (Berlin. 1X03- 1809, i vol. in-8 ; Leipzig, 1x45, 2 vol. pet. in-8) ; trad.de treize drames par J.-D. Cries (Berlin, 1815-1842, 7 vol. in-8) ; trad. de douze drames par Otto von der Malsburg (Leipzig, 1819-1825, 6 vol. in-l"2) ; trad. de huit drames par Adolf Martin (Leipzig, 1844, 3 vol. in-12) ; trad. de onze autos par J. von Eichendorff (Stuttgart, 1846-1853, 2 vol. in-8) ; trad. de tous les autos par F. Lorinser (Katisbonne, 1856-1872, 18 vol. in-8 ; ; — en italien, Teatro scelto di Pietro Calderon délia Barca, cou opère teatrali di altri illustri poetri castigliani, etc., par Pietro Monti (Milan, 1855, 4 vol. in-12). Citons enfin, pour clore cette liste qui ne comprend que les traductions les plus remarquables, une du Magico prodigioso, en suédois, par Hayberg. L’Œuvre de Calderon. — Calderon passe aujourd’hui pour le représentant le plus émment du génie dramatique en Espagne, pour celui qui a le mieux exprimé les passions et l’idéal d’un peuple qui a plus de passions et d’enthousiasme qu’aucun autre. Cette opinion ne manque pas de vérité. Si Calderon n’a pas l’inépuisable léeondité et la verve exubérante de Lope de Vega, « le monstre », auteur de dix-huit cents drames, s’il n’a pas eu une conception nouvelle de l’art dramatique, s’il a peu ajouté à la m isse énorme de données tragiques et comiques qui constituent le théâtre espagnol, néanmoins ses cent huit comedia 1 el ses soixante-dix autos dénotent une rare puissance de création. Ces œuvres témoignent aussi d’une composition plus habile et plus soignée que celle de son prédécesseur, d’un art plus grand à nouer et a dénouer l’intrigue, de conceptions plus vigoureuses, plus profondes, plus régulières, murent pins systématiques. Enim Calderon a mu LopedeVegl l’avantage d’avoir, sinon créé, du moins éhailcl.é quelque- i yi a< lei es.

Le poète, soldat d’abord, puis prêtre régulier, et en tout lemps homme de cour, nous représente très bien l’esprit d honneur < hevaleresque, de dévouement monarchique et de loi intolérante qui était alors le tond des croyances et de l’idéal de l’Espagne entière. Il donne cette physionomie et ce caractère, non seulement a ses compatriotes, mais aux Crées, aux Romains, aux Anglais, aux Allemands, aux Africains ou Asiatiques qu’il met en scène. Le sentiment religieux domine tout, non seulement dans ses autos, qui sont par excellence des ailes de loi, mais dans toutes ses œuvres dramatiques. Quelques unes comme El Purgalnriode San Palricio. (Irigen perdida y restauration de la Virgen del Sagrario, Las Cadenas del Demonio, La Exaltation de la Crut et bien d’autres, sont de véritables comedias desantos dont la religion est l’essence et le fonds ; dans les autres, elle a encore une place importanle. Dans Los Cabelhs de Absalon, le poêle nous reporte aux lieux saints de Jérusalem et aux champs d’Ilebron ; dans El gran Principe de Fez-, il place le panégyrique des disciples de Loyola ; dans El Principe constante, il montre l’esprit de sacrifice du chrétien qui aime mieux mourir que laisser livrer aux infidèles la ville de Ceuta ; dans £7 José de las mujeres, il nous peint le prêtre catholique, vénérable, plein de science et de vertu, prêt au martyre. Les sainls, la Vierge, les Mystères, le signe de la croix se retrouvent partout, et les bandits ou les criminels, pourvu qu’ils aient quelque dévotion, sont des personnages sympathiques et favorisés de Dieu. Enfin, et aussi avec tonte l’Espagne de son temps, Calderon croit aux miracles, aux prodiges, aux songes, à I astrologie (quoiqu’il raille quelquefois à ce sujet), et comme tout bon Espagnol d’alors, il est franchement fanatique et intolérant.

Un aulre sentiment qui tient aussi une place très grande dans le théâtre de Calderon, c’est le point d’honneur, c.-à-d. le sacrifice des plus chers intérêts à un idéal de générosité, de grandeur d’âme, de loyauté, l’observation de la parole donnée, même à un ennemi, la protection accordée aux faibles, aux suppliants, aux iemmes. Le point d’honneur est la première vertu sociale ; c’est la règle des actions pour le chevalier le plus élevé comme pour le plus pauvre laboureur. Ils sont tous hidalgos ; ils ont tous quelque chose de ces idées chevaleresques du nioven âge, qui étaient encore bien puissantes en Espagne, même après Don Quichotte. Ici c’est un ami qui se croit obligé de défendre son ami, en toutes choses et contre tout venant ; là c’est un père ou un Irerc qui, avec ou sans motifs, se croient oflensés. Pour un rien, tous mettent la Lime au vent, l’n des plus nobles personnages qu’ait créé Calderon, le Crespo de l’Alcalde de Zalomea, prononce sur l’honneur ces belles paroles, quand un seigneur le meuace dans ses biens et qu’il doit souffrir une insulte :

Con mi haeienda,

pero con ni fHina.no.

Al Key la hacienda v la vida

se ha de dar ; pero el honor

es pair iinonio ilel aima

y cl aima solo es de Dios.

C’est surtout quand il s’agit des femmes, que le sentiment de l’honneur se montre terrible, non seulement chez les maris, mais aussi chez les pères ou les frères. On ne pardonne pas les faiblesses des jeunes filles, même quand elles épousent ensuite leur amant :

Si foc su eaposa despifs

tambien rue su dama mites,

y el l’uiuro niairimunio

no la disculpa de faci’,

dit le poète dans Lances de amor y fortuna. Dans la