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LA GRANDE ENCYCLOPÉDIE

C

C. I. Phonétique. —Lee, qui correspond dans l’alphabet latin an / de l’alphabet grec, est, comme celui-ci, une muette ou explosive, forte et non aspirée, appartenant à l’ordre des gutturales. L’identité originelle du son représenté par ces deux lettres est établie par les racines communes a l’une et à l’autre langue, comme celles des verbes xpt’vw et cerno, d’où cri~men, et des noms de nombre Se’/.a et decem, dans lesquelles c est en regard de x. D’autre part, les transcriptions latines telles que Sncrates, du grec ~’.>/.pâ7r, ;;»ou les transcriptions grecques comme v, du latin Cicero, ne permettent aucun doute sur la continuité du parallélisme de la prononciation de la gutturale forte non aspirée dans les deux langues. Mais les sons sont naturellement variables ; de lentes transformations tendent sans cesse à les modifier, et il arrive un moment ou l’effet de ces changements s’accuse par l’apparition d’un son nouveau, qui n’est autre chose que le résultat, devenu sensible, des altérations graduelles subies par un prototype coexistant le plus souvent auprès du dérivé qui en est issu. C’est ce qui est arrivé, dans la plupart des lingues indo-européennes, à la gutturale forte, que la palatale ou chuintante, représentée en général par ch, est venue très fréquemment supplanter. En sanscrit, a coté de beaucoup de cas ou l’on n’en voit pas la raison d’nne manière bien sûre, ce phénomène est de règle dans les redoublements ; la palatale s’y substitue toujours à la gutturale, de la même faron qu’en semblable circonstance • losive non aspirée vient toujours tenir lieu d’une correspondante. Il semble tout naturel d’en conclure qu'on e>t en présence d’un fait d’atlaiblisscment et non pas. comme on l’a prétendu en ces derniers temps, du r’-ultat dp l’influence delà voyelle accompagnant la consonne Iran-formée.

Le son chuintant, produit par une transformation de la guttnrale forte dans les langues indo-européennes, n’est pas d’ailleurs Itnjauia identique à lui-même ; à coté de la nuanre qu’il a priai es fian* aïs dans cheval, etc., et en allemand après une sifflante, comme dans scheiden, d’une ri’inp indn européenne iknl-skind (cf. lat. scindo), en unvrit et en italien Matant proprement dit - aspiration. Kn allemand, an <on-

triire, fntr<>deux vnyf il iitnrale forte représentée par eh dent M milieu entre l’aspiration et le son •iimnlani Exemple mnrlvn fangl. to make) — prononce» mahf.n en aspirant le h du palais.

le passade du latin au français, la transformation ée la gutturale forte en rhnmlante, indépendamment des causes de transformation inhérentes au son lui-même, a été certainement influencée par la voyelle suivante. En général, eflectivement, la chuintante s’est produite devant l’a primitif, comme on le voit par cheval auprès de caballus, chameau auprès de camelus, chien auprès de canis, cher auprès de carus, etc., tandis que, devant o ou u, ainsi que le montre le rapport de cou avec collum, de culte avec cultus, etc., la gutturale a conservé sa valeur originelle. Aucontraire.devanteou i(oudevant lesdiphtongues dont le dernier élément est e ou i) , le c latin a subi une transformation plus accentuée encore que lorsqu’il précède a ; an lieu de s’arrêter au son chuintant, il est descendu jusqu’à celui de la sifflante. C’est ainsi qu’on a descendre (prononcez descendre) auprès de descendere, incendie (pron. insendie) auprès d’incendium, cité (pron. site) auprès de civitas, ciel (pron. siel) auprès de cœlum, etc. Le phénomène d’affaiblissement est ici manifeste. II suffit, pour se convaincre que l’origine du changement de prononciation est dû à une sorte de relâchement des organes, favorisée par le voisinage de certains sons, de constater que les entants, jusqu’à un certain âge, et certaines personnes dont l’appareil vocal est défectueux, pendant toute leur vie, assibilent les chuintantes elles-mêmes et prononcent seval, sien, santer, au lieu de cheval, chien, chanter. C’est à la fois la preuve que l’influence exercée par la voyelle qui suit n’est que secondaire et qu’avant d’arriver au son sifflant dans incendie, cité, etc., on a dû passer par les intermédiaires inchendie, chité, etc, ; on sait du reste que cette dernière façon de prononcer est restée celle de certaines parties de la France (Auvergne), tandis que dans certaines autres (Provence) la prononciation assibiléc de la chuintante a prévalu.

On peut remarquer quela gutturaledouce latine g, dontla prononciation a subi en Irançais un changement analogue à celui du C devenu chuintant, dans germe auprès de germen, agir auprès de agere, etc . n’est descendue au son delà sifflante douce que ebM les enfants et dans la bouche des habitants de la Prnvenre. qui disent MTHM, o ;.r. etc. En italien, les modifications du c guttural sont restées fixées a un stage moins éloigné du point de départ m’en franr guttural aussi (uen devant Vu latin (comme dans le dialecte picard) que devant a et m : et m fiât ^ et i il n’est ilesrcudii qu’a la flunnlanle ; re qui tend encore a prouver qne, si la nature de la vnvelle facilite l’altération de la gutturale, elle n’en détermine pas le iewré. flevant nnernnsonneet rnnitne finale le r est toujours