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BAIN

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en eurent l’ait la réputation, l’on vit s’y élever des édifices quelquefois assez considérables et d’un style assez recherché. Nous citerons, parmi les exemples connus, les eaux de Bourbonne-les-Bains, Plombières, Luxeuil, Aix— les— Bains, le Mont-Dore, Néris-les-Bains, Saint-Honoié, etc.... Fig. i. — Plan des thermes publics à Pump Dans les ruines de ces bains, on remarque quelquefois les caractères de l’architecture des meilleurs temps de l’empire romain, comme dans les ruines de Néris par exemple. On y a découvert des fragments du plus beau style, des bas-reliefs représentant des masques avec des guirlandes, des corniches, des chapiteaux, etc., de même qu’on peut étudier de ces ruines, comme celles des bains du Mont-Dore, dans lesquelles l’architecture est revêtue d’une ornementation touffue, un peu chargée, et spéciale aux monuments des plus lias temps de l’empire. Une étude fort intéressante a été faite lois du rétablissement de ces sources thermales. Quand on a voulu nettoyer les sources et les puits par lesquels les sources thermales arrivaient au jour, afin de les capter et de les isoler les unes des autres, on a découvert des amas de monnaies antiques et quelques objets en métal ou en terre cuite, sortes d’ex-voto offerts par reconnaissance au moment d’une guérison procurée par les eaux. L’examen de ces monnaies a permis de tracer, pour ainsi dire, chronologiquement l’histoire de l’exploitation de ces sources ; nous allons en citer un exemple : à Saint-IIonoré-les-Bains, la série des monnaies antiques, découvertes dans les sources, commence à Auguste pour finir à Valentinien, c.-à-d. à la seconde moitié du i e siècle de notre ère. A cette époque, il est probable que les révolutions, le manque de sécurité ou de ressources, etc., ont fait abandonner les sources qui, faute d’entretien, auront été peu à peu comblées et par conséquent oubliées.

Quelquefois, non seulement des monnaies ou des ex-voto étaient jetés dans la source, mais encore les gobelets dans lesquels les baigneurs buvaient l’eau salutaire ; sur quelques-uns on a retrouvé des indications inattendues, comme par exemple le célèbre itinéraire de Cadiz, gravé sur un gobelet d’argent.

Il est inutile de dire que les remarques faites sur les stations thermales, en France, s’appliquent à celles d’Allemagne et de Suisse, où les noms terminés en Dadeu (bains) sont si fréquents, à celles d’Espagne, à celles d’Afrique où les eaux d’Hammam Meskoutine (Algérie), aujourd’hui remises en honneur, avaient été employées, à l’époque romaine, en Syrie, en Asie Mineure, etc., et à plus forte raison encore en Italie et surtout dans la région volcanique du I.atium et de la Campanie. — Les bains continuèrent à être en honneur chez les premiers chrétiens ; on institua même des bains liturgiques par lesquels les fidèles se préparaient à la célébration des saints mystères. Martigny, dans son Dictionnaire des Antiquités chrétiennes, a consacré une étude développée à l’emploi des bains pendant les siècles qui suivirent le triomphe du christianisme.

2° Installations modernes. — L’établissement des locaux dans lesquels se prennent les différentes espèces de bains prend le nom générique de bain. Ainsi on dit par abréviation le bain de la Samaritaine pour rétablissement de bains situé sur l’emplacement de la Samaritaine (V. ce mot) à Paris.

Les bains se divisent en trois catégories : 1° Bains d’eau naturelle, froide, chaude ; 2° Bains d’air ou de vapeur chauffés ;

3° Bains thermaux.

1° Les bains d’eau naturelle froide se prennent, soit dans la mer ou les rivières, soit dans des baignoires. Dans la mer, dans les rivières, ils peuvent se prendre librement ou dans des espaces limités par des constructions fixes ou flottantes, aménagées à cet effet : nous n’avons à nous occuper que de cette seconde catégorie. Sur les cotes de la mer, lorsque les marées sont assez fortes, comme sur l’Océan, les établissements se réduisent en général à une suite de cabines dressées hors de portée des vagues, ou bien à des cabines roulantes transportées où le bain doit être pris. Lorsque les marées sont peu sensibles, comme dans la Méditerranée, les établissements peuvent être construits (comme à Marseille où à Messine par exemple) sur des pilotis qui portent une plate-forme (souvent appelée estacade), sur laquelle sont déposées les cabines où se déshabillent les baigneurs ; en différents points de la plate-forme sont disposées les escaliers par lesquels on descend à la mer. Généralement l’emplacement est choisi dans une anse abritée des vagues trop fortes et sur une plage sablonneuse dont la pente douce permette de former deux catégories de baigneurs : 1° ceux qui ne savent pas nager et qui par conséquent doivent avoir pied partout ; 2° ceux qui nagent et pour lesquels on doit choisir une eau plus prolonde. Les bains de rivière donnent lieu aux mêmes observations ; mais comme les rivières ne sont jamais exposées aux brusques mouvements dont la mer est souvent agitée, on peut donner à ces constructions une certaine recherche, tandis que l’établissement des bains de mer en constructions fixes n’est jamais traité que comme bâtiment provisoire. Les bains froids de rivière sont quelquefois décorés d’une façon assez originale ; ceux du pont de la Concorde à Paris, par exemple, dont les motifs de décoration sont empruntés à l’architecture arabe. A Paris ces établissements affectent en plan la forme d’un rectangle très allongé, formé de quatre ou de six pontons portant plate-forme, cabines, portiques, restaurant, etc., reliés ensemble de façon à former un ensemble homogène, pendant la saison des bains. Cette saison passée, on les sépare l’un de l’autre, et des remorqueurs les entraînent pour les amarrer, pendant la morte-saison, en aval de Paris. Nous donnons ici un plan-type d’un de ces établissements (fig. 5.) Quand les bains d’eau naturelle sont pris dans des baignoires, ils sont pris dans les établissements où l’on prend les bains d’eau chaude.

Ces derniers, élevés sur une plus ou moins grande étendue et avec plus ou moins de confortable, ont été jusqu’à ces derniers temps rarement bien installés au point de vue de l’hygiène et de la propreté. Ils comprenaient autrefois un service assez restreint composé de bains