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dévote doit être au moins ſouvent tenté de ſe ſauver de chez lui.

Diable. C’eſt le Panurge de la cour céleſte ; la cheville ouvriere de l’Egliſe. Dieu pourroit d’un ſeul mot le replonger dans le néant, mais il s’en garde bien, il en a trop beſoin, pour mettre ſur ſon compte toutes les ſotiſes dont on pourroit l’accuſer ; il le laiſſe donc faire & ſupporte patiemment les tours de page qu’il joue ſans ceſſe à ſa femme, à ſes enfans, à lui-même. Dieu ne peut ſe paſſer du Diable ; la crainte de Dieu n’eſt ſouvent que la crainte du Diable ; c’eſt la Religion de beaucoup de bons dévots, qui ſans le Diable pourroient bien ne pas trop ſonger ni à Dieu ni à ſes Prêtres.

Dieu. Mot ſynonyme de Prêtres ; ou, ſi l’on veut, c’eſt le factotum des Théologiens, le premier agent du Clergé ; le chargé d’affaires, le pourvoyeur, l’intendant de l’Armée divine. La parole de Dieu c’eſt la parole des Prêtres ; la gloire de Dieu c’eſt la morgue des Prêtres ; la volonté de Dieu c’eſt la volonté des Prêtres. Offenſer Dieu c’eſt offenſer les Prêtres. Croire en Dieu c’eſt croire ce qu’en diſent les Prê-