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hommes qui ſont de chair & d’os comme les autres ; Dieu leur permet de tomber quelquefois pour apprendre aux laïques à ſe défier de leurs propres forces, puiſque les Prêtres eux-mêmes ſont ſujets à tomber[1].

En un mot le bandeau de la foi doit toujours nous empêcher d’apercevoir les déréglemens du Clergé ; le manteau de la charité eſt fait pour les couvrir. Tout Chrétien qui ſera pourvu de ces deux pièces importantes ne trouvera rien de choquant, ou qu’on ne puiſſe juſtifier, dans la conduite des Miniſtres de l’Egliſe. Celui qui n’a pas bonne opinion des Prêtres du Seigneur devient bientôt un impie ; mépriſer le Clergé, c’eſt mépriſer l’E-

  1. De tout tems & en tout pays les Prêtres ont joui, de droit divin & de droit naturel, du droit d’être paillard. Les Prêtres chrétiens l’exercent très-ouvertement en Eſpagne, en Portugal, en Italie & par-tout où l’Egliſe eſt duement reſpectée, c’eſt-à-dire, où l’on a beaucoup de foi. Ce droit leur eſt, ſans doute, bien plus acquis qu’aux Prêtres idolâtres, qui en ont ſouvent joui. Les femmes de Babylone étoient forcées de venir une fois dans la vie ſe proſtituer dans le temple de la Vénus Aſſyrienne. Le grand Prêtre de Calicut a les prémices de la femme de ſon Souverain. Pour ſanctifier le mariage nos Prêtres devroient avoir les prémices des femmes les Laïques, ou du moins les Curés devroient avoir la dixme des filles de leurs paroiſſiens.