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Ainſi loin de blâmer la ſévérité que les Miniſtres de la Religion exercent ou font exercer par le bras ſéculier, c’eſt-à-dire, par les Princes, les Magiſtrats & les Bourreaux ſur ceux qu’ils ont deſſein de ramener au giron de l’Egliſe, un bon Chrétien devroit ſeconder leur zêle charitable & imaginer de nouveaux moyens, plus efficaces que les anciens, pour déraciner les erreurs & pour ſauver les ames.

Que l’on ceſſe donc de reprocher à l’Egliſe ſes perſécutions, ſes exils, ſes priſons, ſes Lettres de cachet, ſes tortures, ſes bûchers. Plaignons-nous au contraire en voyant que toutes ces ſaintes rigueurs, employées dans tous les ſiecles, n’ont point eu l’effet deſiré. Tâchons de découvrir quelques moyens plus ſûrs d’extirper les héréſies, & ſur-tout ne recourons jamais à la douceur ni à une lâche Tolérance, qui, ſi elle eſt conforme à l’humanité, ſeroit incompatible avec l’eſprit de l’Egliſe ou avec le zêle dont un Chrétien doit brûler ; avec l’humeur d’un Dieu terrible ; avec le caractere de ſes Prêtres, qui pour obtenir nos reſpects & nos hommages doivent être encore plus terribles & plus inexorables que lui.

C’eſt avec auſſi peu de fondement que les impies reprochent aux Miniſtres du