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— Je ne me lasse pas de contempler cette image, dit-il. Oui, ma charmante Yvonne, c’est tout vous, toute votre grâce… Vous vivez… Vous revivez… On ne peut pas être plus naturelle, plus vous-même…

— Vous flattez bien, trop bien peut-être…

— Trop ? Jamais assez !

— Allons !

— Mais oui, puisque je réclame le bonheur de vous le redire toujours, que vous êtes ravissante, la plus ravissante, que…

— Ah ! vous allez trop loin, vous exagérez, Lucien !

— Je vous rends justice, je vous dois ce que je dis !

— Êtes-vous bon juge, êtes-vous désintéressé ? plaisante-t-elle, voilant le mieux possible un ravissement profond d’être adulée aussi gentiment.

— Je ne suis pas votre juge, mais bien votre esclave ! Oui, vous le savez, je suis votre esclave, votre chose, votre…

— Je suis confuse !…

— Oui, rougissez, ma douce Yvonne, rougissez, vous êtes si gentille quand vous devenez rouge comme… comme un rayon du couchant !

Tout le visage de Lucien enfle de vanité repue à ce mot spirituel dont il vient de faire l’aumône à son amie. N’est-ce pas une trouvaille subtile,