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rouche, mais qui céderait à la prière, à l’amour… Tout ce qui abondait en lui d’affection douce et puissante, le fils en vivifierait sa réclamation de bonheur ! Malgré les retours du doute et les secondes poignantes d’effroi, une certitude lutta, prévalut en l’esprit de Jean, le rassura toujours après la crainte : elle était si débordante, si vigoureuse, si absolue, la tendresse pour la femme choisie, que l’obstacle devant elle sombrerait…

Hélas ! l’obstacle est là même, résiste, ne fléchira pas. C’est la première fois que Jean regarde en face longtemps, de toute son âme raidie et ferme, avec un besoin impérieux de se décider, l’alternative qui menace. L’acuité de la réflexion est telle que maintenant la douleur paraît s’abolir. D’une force qu’il reçoit des profondeurs de l’être, force inéprouvée jusqu’alors, le cerveau du jeune homme combat le doute, essaye de rejoindre une solution, de conquérir la vérité. Gaspard est rude et n’est pas généreux : tout de même, au cœur de Jean se presse et gonfle la tendresse filiale. Des souvenirs pêle-mêle défilent, attirent la volonté. Comment pourra-t-il renoncer au père chéri malgré tout, qu’il ne doit pas humilier, qu’il ne veut pas torturer ? C’est donc impossible…

Alors, il faut livrer Lucile et lui-même au chagrin lourd, inexprimable. Quelque chose de ter-