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Il s’écrie, après un mutisme dont ils ont usé pour tendre leurs volontés jusqu’à l’extrême :

— Vous défier ? Mais ce serait ridicule, avant de savoir quelle est votre pensée !… J’ai cédé à la puissance de mon amour…

— Il est moins fort que moi, car je saurai bien te le faire passer !

— As-tu bien des raisons, profondes et infranchissables, de me défendre Lucile Bertrand ?

— Tes Bertrand, je les déteste !

— Le jour où tu connaîtras Lucile…

— Si tu la connaissais aussi bien que moi, ça ne te prendrait pas de temps à la lâcher, va !…

— Que veux-tu dire ? s’écria Jean, abasourdi, ne sachant guère ce que Gaspard venait de suggérer.

— Ah ! ils sont finauds, tes Bertrand ! ils sont rusés, ils t’ont bien fagoté ! Le fils d’un millionnaire, on n’en rit pas, c’est de la besogne superbe ! Je la vois d’ici, ta Lucile ! Une minaudeuse, une vertueuse, une perfection, un ange par ici, un ange par là ! Ça se comprend, « quel parti », quelle veine, ça vaut la peine d’être charmante et douce, et… tout le reste que tu m’as dit ! Et le père François, ça s’explique encore mieux : pourquoi n’est-il pas resté avec moi autrefois ? il a trouvé plus commode de se sauver, de me laisser tout seul ! En a-t-il fait, du mauvais sang,