Page:Bernier - Ce que disait la flamme, 1913.djvu/288

Cette page a été validée par deux contributeurs.
277
CE QUE DISAIT LA FLAMME…

logue palpitant, vont se rencontrer moins loin des profondeurs…

— Mademoiselle Bertrand, je vous demande pardon, s’écrie Jean, à brûle pourpoint. Je ne me suis pas encore informé de votre père. Ne m’en voulez pas, je vous en prie…

— Ah oui, c’est vrai ! dit-elle, toute angoissée d’avoir si longtemps, depuis l’arrivée du jeune homme, écarté son père de la mémoire où tout le jour il avait régné.

— Il va mieux, n’est-ce pas ?

— Mon père ?… oui… je…

— Vous m’inquiétez !

— Ce n’est pas ce que je veux dire… il a repris la besogne aujourd’hui même et j’espère qu’il s’est bien acquitté de la fatigue…

— Eh ! bien, pourquoi hésitiez-vous ?

— C’est que… je l’avais oublié ! dit-elle, avec une franchise naïve, et d’une telle manière que Jean ne put ignorer que de lui la distraction pénible était née. Il ne s’était guère envolé que cinq minutes depuis la seconde où Jean l’atteignit sur la rue Buade : et de quelle tristesse vive ne s’est-elle pas blâmée d’avoir si peu longtemps négligé son père !

— Alors, à chaque minute du jour, la pensée de votre père vous a suivie ? dit-il, parce qu’il est facile de comprendre.