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d’une joie dont le prolongement en eux-mêmes était sans bornes. Du moins, c’est ce qu’ils se redirent, insatiables, toujours plus émus, plus graves, jusqu’aux épousailles devant l’autel de leur Dieu.

Depuis lors, ils s’étonnèrent de ce que bien des ménages n’ont pas la plus charmante félicité. Ils ne s’inquiétèrent jamais de la fragilité de leur amour, le vivant comme une chose inéluctable, indiciblement tendre, prévue de toute éternité, qui s’acheminait vers l’éternité du Dieu qui leur épanchait le bonheur. Ah ! qu’il avait été bon, François, qu’il avait été bon ! nature un peu rude que Germaine avait affinée en douceur : les brusqueries passagères cachaient bientôt leurs griffes sous la caresse d’un regard que les yeux noirs savaient donner à temps. Le bon, l’incomparable François ! telle fut leur histoire, leur pastorale : amour et bonté, cette bonté que rien n’épuise, une source où les meilleures joies s’abreuvent, où tous les nuages moroses, en y réflétant leur image, se purifient et s’illuminent, François ! deux syllabes harmonieuses dont l’épouse a vécu, à travers lesquelles vibre toute la mélodie de son existence ! Les âmes farouches dussent-elles la juger anathème, Germaine, sans y aimer François toujours, ne peut concevoir le ciel…