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dans les nuages.

signaux et j’espérais que le ballon allait descendre dans mon parc, et que j’aurais l’honneur de vous avoir à ma table. Mais on lança du ballon un inconcevable pi-ouït… et l’aérostat s’éloigna. Voilà, Mademoiselle, en quoi j’ai droit de vous en vouloir un peu.

Tout cela fut dit d’un ton empesé, avec un accent nasal et grave. Enfin, il paraît que c’était absolument la copie du fameux acteur Baron. À ce moment le jeune Godard se joignit à nous, et, craignant qu’il ne gâtât tout, doña Sol s’écria en le présentant :

— Voici M. Clairin, notre compagnon de route.

— Ah ! parfaitement ; M. le directeur n’a pas voulu laisser sa sociétaire courir seule les dangers d’un voyage dans les airs. Eh bien ! Monsieur Perrin, je vous fais tous mes compliments.

Le jeune Godard, pris à l’improviste, allait répondre ; mais, craignant de se trahir, il bondit comme une chèvre au-dessus du petit mamelon, en s’écriant :

— Allons, les enfants, au ballon ! il faut dégonfler le ballon.

— Il est très-gai, M. Perrin, dit le faux Baron… très-gai… et bien jeune. Il doit être aimé.

— Oui, Monsieur, très-aimé.

Un cri général arrêta cette bizarre conversation. Le ciel