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dans les nuages.

ter. La nuit s’avançait : nous remontâmes vers le ciel. Il était bleu sombre, tout tacheté de nuages gris. Après dix minutes de route, la soupape de nouveau ouverte nous fit redescendre. L’aérostat était à droite de la gare et très-éloigné de son complaisant chef.

— À l’ancre, maintenant ! dit le jeune Godard. Et une nouvelle corde fut suspendue dans les airs. Au bout était accrochée une ancre formidable. La corde mesurait 80 mètres. Les bruits arrivaient de terre, confus, mais aigus. Je ne pouvais comprendre ce que je voyais grouiller au-dessous de moi.

— Ah ! mon Dieu ! quel troupeau d’enfants ! s’écria doña Sol.

En effet, nous étions suivis par des enfants qui, escaladant les haies, traversant les champs, couraient après le ballon, depuis sa halte au-dessus de la gare.

Nous n’étions plus qu’à 300 mètres de terre.

La trompe fit son office :

— Où sommes-nous ?

— À Verchères, cria la joyeuse bande.

Il fallut le leur faire répéter plusieurs fois.

— Où est-ce Verchères ? interrogea Clairin.

— Je ne sais…

— Ni moi…