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dans les nuages.

Il s’élève enfin de terre, retenu par des cordes. C’est un ballon, un tout petit ballon couleur d’orange ; il fait des révérences au gros ballon qui se dandine comme un éléphant.

La foule s’assemble : le ballon est tout à fait gonflé. J’aperçois doña Sol dans la foule.

Louis Godard vient me chercher sous mon hangar et je traverse la foule à son bras, un peu émue et saluant tout ce monde qui me regarde.

Je suis placée dans un petit panier à linge sale et au-dessus de ma tête le petit ballon qui me semble énorme maintenant. La foule s’écarte de nouveau. Je crois que c’est une autre chaise qui me vient tenir compagnie… Non ! c’est doña Sol au bras de M. Gaston Tissandier. Elle est suivie du jeune peintre Georges Clairin. M. Dartois et les deux célèbres Godard regardent dans le panier si je suis d’aplomb et si rien ne me gêne.

J’allais les remercier pour tant de soins lorsque je fus aveuglée par un flot de dentelles.

Doña Sol était assise sur moi.

Georges Clairin sauta dans la nacelle ainsi que le jeune Louis Godard, neveu des deux premiers.

Il était alors cinq heures trente minutes. La foule se pressait davantage autour du ballon : les chapeaux se soulèvent, les mains se serrent, les adieux s’échangent, et l’aérostat