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dans les nuages.

mais je vous préviens, — car je ne vole pas mon monde, — c’est du mauvais bois… ça pleure tout le temps.

— Donnez toujours, dit l’homme.

Me voilà partie dans une grande voiture. Je traverse des rues, puis des rues, un grand boulevard ; la voiture entre dans une immense cour et s’arrête devant une grille.

On nous descend, et deux jours après nous étions installées trois par trois autour de tables en marbre sur lesquelles étaient des portraits de femmes et des réclames de pharmaciens.

Je regarde, j’écoute : je suis, paraît-il, dans la cour des Tuileries devenue l’habitation du ballon captif.

— Quel bonheur ! un ballon !

Je voyais un ballon et le plus gros qu’il y eût jamais eu… Et puis il y avait une grande machine qui allait, allait toujours. Il paraît que c’était superbe ce que je voyais ; car j’entendais des hommes très-compétents disant :

— C’est admirable ! Giffard est un homme tout-à-fait remarquable : il a une organisation géniale !

J’étais fière. Je ne connaissais pas M. Giffard, mais ça ne fait rien, j’étais fière tout de même. Il y avait bien de ci de là des gens qui critiquaient le câble, la nacelle, la vapeur ; mais je compris bien vite que ces détracteurs étaient des braves poltrons qui se faisaient critiques pour n’être point acteurs.