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DES JÉSUITES

de ses compatriotes. Dissimulé, ambitieux, vindicatif, épris de sa noblesse, il avait les défauts précisément qu’il reprochait à ses maitres et lorsqu’il fut entré dans la Compagnie, ni la règle, ni les exemples, ni la sereine contemplation de l’idéal ne purent avoir raison de cette âme altière, ni mettre la franchise dans son cœur, avec la bonté.

Et ce n’était point son intelligence qui l’eût aisément sauvé du malheur. Quand Zahorowski accuse les Jésuites de n’attirer à eux que les jeunes gens intelligents et capables, il se flatte en toute impudeur ; car nul mieux que lui n’a démontré la fausseté de cette accusation par sa propre insuffisance.

Sans parler de son pamphlet, qui plus tard témoignera cruellement contre lui, il suffit de noter qu’aucune branche d’études ne put convenir à ce cerveau restreint. Rude fut l’épreuve, et Zahorowski, tout d’abord frémit sous le coup silencieux.

Mais quand on l’envoya, pour lui confier un emploi à sa taille, enseigner les rudiments de la grammaire au collège de Sandomir, alors la fierté du Polonais s’effaroucha ; la blessure mal close se rouvrit, et cette âme si peu noble, rêvant de haine et de vengeance, s’abaissa, comme d’elle-même, aux pires moyens. Pour atteindre son but, il n’imagina rien de mieux que d’écrire toute une série de lettres aux grands seigneurs du royaume, lettres pseudonymes ou anonymes, fort malveillantes pour la Compagnie, tissues de faussetés, qu’il dicta en cachette, pour ne point se trahir, à ses petits élèves. Les premières sont du 23 août 1613.