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DES JÉSUITES

l’authenticité ; mais devant ses juges il n’a pu produire son fameux manuscrit, ni une preuve, ni même un chef d’accusation, et nous avons vu qu’il a fini par se rétracter.

Après lui, Kaspar Schopp a cru plaisant de citer in extenso le pamphlet dans ses Arcanes. Mais il le présentait sous couleur de fable, en imaginant une trouvaille romanesque bien propre à mettre à couvert sa responsabilité. Sa correspondance témoigne surabondamment que s’il avait des rancunes obscures contre quelques jésuites, il faisait grand cas de la Compagnie.

Un éditeur, pourtant, s’y laissa prendre. Il se nommait de son vrai nom Henri de Saint-Ignace ; ce qui ne l’empêcha point, pour faire pièce à la Compagnie de Jésus, car il était janséniste fougueux, de donner dans sa Tuba magna en 1712, une édition nouvelle sous un titre retentissant : La Grande Trompette faisant retentir ses sons effrayants aux oreilles de Sa Sainteté le Pape Clément XI, de l’Empereur, des Rois, des princes, de tous les magistrats et de tout l’univers, touchant l’extrême nécessité de réformer la Société de Jésus, par le très érudit Libérius Candidus, professeur de théologie, Strasbourg.

L’auteur était Carme. Absolument convaincu de l’authenticité des Monita Secreta, on juge de son effroi et l’on s’explique sans peine qu’il ait brusquement saisi cette Grande Trompette pour sonner son épouvante à tous les coins du monde et pour prémunir le Pape, l’empereur et les rois contre une pareille société, si digne, en effet, de réforme[1].

Le jésuite Huylenbroucq, par une dissertation

  1. Cordara, Op. cit., t. II, p. 372.