Page:Bernard, Les instructions secrètes des jésuites, Bloud et Cie, 1903.djvu/48

Cette page a été validée par deux contributeurs.
50
LES INSTRUCTIONS SECRÈTES

plus qu’il est parlé de deux exemplaires et que la date n’est point indiquée. Le texte porte en propres termes : « Negari non potest circiter ante Saxonum adventum missos fuisse duos famosos libellos ad Collegium[1]. »

Assurément le Professeur Friedrich, qui a « voué sa vie à la guerre contre la Curie et les Jésuites », aurait pu être mieux inspiré. C’est en 1891 que le P. Duhr a fait justice, avec pièces à l’appui, de cette imputation. Mais ceci n’a point empêché le Professeur Gust. Kaweran en 1894, d’insérer de confiance l’opinion de Friedrich dans le troisième volume de l’Histoire ecclésiastique de Moeller.

En résumé, avant l’édition clandestine dite de 1612 et sa diffusion par la presse ou par les copies manuscrites, on n’a jamais entendu parler de Monita Secreta. Jamais on n’a pu produire l’original, qui aurait servi, dit-on, aux éditions de 1614, de 1635, de 1747, de 1761 ; jamais on n’a pu dénoncer même un simple exemplaire authentique ; jamais on n’a trouvé un seul fascicule dans les archives soi-disant secrètes des maisons de la Compagnie, et jamais un autographe émané d’un jésuite, à part une seule transcription faite cent vingt ans après la première édition et manifestement destinée à une œuvre apologétique.

Que faut-il de plus pour réduire à néant tant de calomnies amoncelées depuis trois siècles, toutes contradictoires entre elles, et portant toutes les stigmates de la haine, souvent aussi, de la mauvaise foi ?

  1. Duhr, op. cit., p. 50.