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DES JÉSUITES

monde, même contre Cicéron dont il trouvait le latin défectueux, n’a jamais admis, nous en fournirons la preuve, l’authenticité des Monita secreta.

Mais la critique est lente à désarmer, Friedrich lui-même s’est donné une peine infinie, et bien perdue, pour établir l’existence d’un autographe antérieur à 1614. C’est dans les Mémoires de l’Académie royale de Bavière[1] qu’il a consigné le résultat de ses travaux. D’après lui ce premier exemplaire connu des Monita secreta aurait appartenu au collège des Jésuites de Prague, et, « vraisemblablement », il aurait servi à l’édition de 1612, après sa mise au jour lors du pillage de la ville par les Saxons en 1611. Friedrich se base surtout pour déduire ces conclusions, sur une Instruction adressée au jésuite Forer, où il est question de ce document.

Là-dessus le P. Duhr, avec sa haute compétence, démontre :

  1. Que les Saxons ont pillé Prague, non pas en 1611, mais en 1631, et que le manuscrit trouvé en 1631 ne peut être considéré, en vertu des dates, comme l’original de l’édition de 1612.
  2. Que l’Instruction adressée à Forer ne parle nullement d’un exemplaire trouvé, mais d’un exemplaire « envoyé ». Par conséquent, même en admettant la date de 1611, on ne pourrait rien arguer, puisque la pièce vient du dehors, et non pas du dedans.
  3. Qu’il peut s’agir tout aussi bien, d’après le texte de l’Instruction, d’un livre imprimé que d’un manuscrit, « famosos libellos », d’autant
  1. Abhandlungen der K. bayrischen Akademie, hist. Kl., t. XVI, p. 97. Cf. Beilage I, p. 151.