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LES INSTRUCTIONS SECRÈTES

d’évêchés et de couvents, était loin, de porter les Jésuites dans son cœur ? Deux étendards le précédaient dans toutes ses expéditions ; sur l’un se détachait une tiare foudroyée, et sur l’autre sa devise : « Ami des hommes, ennemi des jésuites. » Au sac de Paderborn, en 1622, qu’il eût fait un présent aux Pères Capucins, c’est déjà peu croyable ; qu’il ait spécialement choisi comme don les archives des jésuites, c’est plus invraisemblable encore ; mais que les bons Pères capucins, en dépit de l’Inquisition et du Décret de l’Index, aient publié les Monita, si tant est qu’ils en fussent les possesseurs, c’est ce qui dépasse par trop les bornes que la raison a fixées à la fantaisie.

Tout ce qu’il y a d’historique dans ce roman, c’est que le collège de Paderborn fut en partie pillé, et Christian, qui convoitait pour sa part la bibliothèque des Jésuites, en quoi il faisait preuve d’esprit, chargea ses hommes d’emballer soigneusement volumes et manuscrits. Mais les mousquetaires, peu au fait du maniement des in-folio et n’ayant apparemment que des notions fort approximatives sur le poids du papier, n’imaginèrent rien de mieux que d’entasser les collections dans des caisses gigantesques, si pesantes à mouvoir qu’il fut impossible de les véhiculer hors de la maison. Sur ce, les troupes régulières accouraient. Christian décampa prestement, laissant aux Jésuites leurs livres et leurs cartons, qu’ils retrouvèrent intacts[1]. Voilà ce qu’il en est de l’authentique de Paderborn et de la légende de Christian l’Enragé.

Au reste, Schopp, qui a écrit contre tout le

  1. Cordara, op. cit., t. I, p. 365.