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DES JÉSUITES

D’ailleurs, le seul fait de déposer ces autographes à la bibliothèque de la maison, et, ainsi, sous les yeux de tous, prouve clair comme le jour qu’on les considérait comme un document, je ne dis pas historique, mais d’histoire, et non pas, suivant les fantaisies des adversaires, comme une pièce mystérieuse dont les seuls supérieurs devaient avoir la connaissance et la garde.

Ces libelles manuscrits pullulaient en leur temps, dès avant l’édition de 1614, comme en témoigne le décret de Pierre Tylicki en 1615. Est-il étonnant que les Bembo, les Gretser, les Tanner, et tous ceux qui ont eu à défendre par la parole ou par la plume la Compagnie de Jésus attaquée, se soient procuré dès le début ces documents, que l’on n’aura point détruits, et avec raison, Et ne voyons-nous pas que le Provincial de Pologne, en 1613, recevait de personnes amies ou simplement honnêtes toutes les lettres anonymes que leur adressait Zahorowski contre l’Institut ? Pourquoi ne lui auraient-elles pas envoyé de même le pamphlet anonyme ?

On ne peut donc rien arguer de ce fait, qui soit une condamnation de l’Ordre. Et les adversaires eux-mêmes, ceux du moins qui ne ferment pas les yeux à l’évidence des raisons, l’ont maintes fois reconnu. « L’existence de ces manuscrits ne prouve pas, cela va de soi, que les Monita soient sortis de la main des Jésuites et qu’elles leur aient servi de direction régulière. Les Jésuites ont pu les acquérir, parce qu’ils avaient besoin d’un exemplaire manuscrit où imprimé, pour se défendre. » Ainsi s’exprime Huber lui-même, dans son ouvrage : L’Ordre des Jésuites, page 106, et, il serait aisé de multiplier les témoignages. Mais