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DES JÉSUITES

rine, que le manuscrit de Prague était récent et son histoire obscure.

Puis, en 1886, le pasteur Graeber, de Meiderich, avait tenté un dernier effort et publié une édition nouvelle des Monita, fruit de sa longue enquête… Mais la critique de Graeber, affirmait-on encore, n’était pas objective et son processus, on allait jusqu’à le qualifier de psychique. Sa sensibilité, par exemple, ne lui fournissait-elle pas trop aisément des preuves et l’impression n’était-elle point substituée parfois au document ? C’est ainsi qu’il tranchait la grave question de l’authenticité, la seule essentielle, par cet aphorisme un peu déconcertant : « Il y a là de si scandaleux, astucieux et hypocrites règlements que l’on a peine à croire qu’il ait pu se trouver un imposteur assez habile pour inventer de pareilles machinations[1]. » En d’autres termes : ce livre est le comble de toutes les abominations ; par conséquent il n’y a que les Jésuites pour l’avoir excogité. Voilà en effet une façon d’argumenter qui est bien, comme disait le Professeur Hochstetter, « un peu sentimentale ».

En résumé, la toile de Pénélope était à recommencer, du tout au tout. « Nous avançons, écrivait quand même après tous ces efforts le docteur Krebs, dans sa Publicistik. On n’est pas encore absolument sûr de l’authenticité. Plus avant. »

Là-dessus, M. Hochstetter reprit la navette ; s’appliquant de tout cœur à la tâche et il eut la chance, nous dit-il, de voir ses travaux et son endurance couronnés par le succès, L’édition sa-

  1. Græber, Die geheimen Vorschriften, Barmen, s. a, Vorwort.